Au réveil, à minuit - je suis un vampire -, je me suis mis en tête de ranger mes livres dans leurs rayonnages - plutôt que les laisser envahir mon bureau et ma chambre de façon total anarchique.
Très vite, le terrible dilemme : zut, je ne peux tout de même pas faire côtoyer ce livre auprès de congénères avec lesquels il ne s'entendra pas ! Ce bouquin je l'aime, et c'est réciproque je le sais. Je peux pas lui faire ça...
Et je l'ai remis sur ma table de chevet, à son grand soulagement. Tout va bien, compagnon, ne me remercie pas, je t'aime, tout simplement... et toi, est-ce que tu m'aimes ?
J'ai repris ma tâche, encore effrayé d'avoir failli commettre une telle faute, pire, une trahison... Et le pb s'est vite posé à nouveau pour d'autres livres, quarante fois lus mais tjrs aussi passionnants, portant une fabuleuse valeur symbolique et sentimentale.
J'ai fini par retrouver mon esprit d'impitoyable décision et n'en choisir que cinq à garder précieusement à mon chevet.
* ça, c'est un coup d'Inazagi - sur mon livre d'or, il me parle de Robinson Crusoë ! - Illico, réflexe de Pavlov : qu'emporterais-je sur une île déserte ?... Sacré Inazagi... *
Et voilà ! Ladies and gentlemen, tadammmm... mes petits chéris :
- "[url=http://www.penpal-tradition.net/astore.php?isbn10=2264033029#menu]Demande à la poussière[/ur]" ("Ask the Dust", 1939 ; Christian Bourgois Ed.). Le chef-d'oeuvre absolu de John Fante, le livre qui fit naître en Charles Bukowski sa vocation d'écrivain.
- "Melmoth l'Homme errant", de Ch. Robert Maturin ("Melmoth the Wanderer", 1820 ; publié chez J.J. Pauvert en 1965). Ma bible. Le bouquin que je place au plus haut du romantisme.
A propos de ce livre, Baudelaire écrivit : "Souvenons-nous de Melmoth, cet admirable emblème. Son épouvantable souffrance gît dans la disproportion entre ses merveilleuses facultés acquises instantanément par un pacte satanique, et le milieu où, comme créature de Dieu, il est condamné à vivre."
- "1984", de George Orwell (1950, éd. Gallimard). Evidemment.
- "L'Echiquier du mal", de Dan Simmons (1989, éd. Denoël). Un livre de science-fiction d'une telle intelligence qu'il m'a fallu, au lendemain de sa première lecture, prendre le 1er avion pour Ibiza afin de me masser les neurones aux infra-basses technoïdes (véridique !).
- "Agnès", de Catherine Pozzi (1927 ; réédité en 1988 aux éd. de la Différence). Une courte nouvelle de cette poétesse sublime à l'abondante correspondance passionnée (lire celles qu'elle entretint avec Rainer Maria Rilke et avec Paul Valéry, qu'elle admirait éperdument). Un des plus beaux textes que je connaisse.
"Mon cher, cher amour, mon amour au dur sourire,..."
Et vous, mes amis, les cinq livres qui vous ont le plus émus ?
Terence