Je précise ma question en donnant la définition du polar noir.
Bien. Il s'agit de MA définition. Elle ne compromet que moi.
"Du lieu d'où je parle" - dirait ce héros de polar TRES noir qu'on nomma Jacques Lacan -, le polar noir transgresse toutes les lois du polar, car il n'y a JAMAIS aucun espoir, pour quelque héros que ce soit.
On est même très loin de James Ellroy, le dernier maître du polar classique, qui bien sagement permettait de croire qu'il n'était pas insensé de croire.
Un personnage de polar noir est un homme qui a tout perdu, sauf la clef de son enfer personnel. Ayant tout perdu, y compris les scrupules qui entravaient sa raison, il se sert de cette clef.
Il en jouit - car s'il ne peut plus désormais sortir de sa folie - "un fou est un homme qui a tout perdu, sauf la raison" (Chesterton) -, au moins voit-il enfin sa conscience en face.
Ne lui reste qu'une tâche à accomplir, vaincre sa propre conscience. Le polar noir peut commencer.
Mais il n'y a pas de cynisme. Ce serait trop facile.
Par ex., une phrase telle que : "Qu'y a-t-il de plus drôle qu'une femme portant fièrement dans son ventre un futur cadavre ?", n'a pas sa place dans un polar noir. Une telle assertion n'est que provocation et amertume. Avec un noeud bêtement psychologique et décryptable.
Non, le polar noir est avant tout métaphysique. Ses protagonistes créent une tragédie à l'antique - dans le sens de Nietzsche.
J'ai déjà donné des exemples en lançant ce topic. Mais le plus grand polar noir, pour moi, du moins ce midi - ce soir je changerai d'avis -, c'est "SIN CITY".
Je vous redonne la parole.
Terence Carroll