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Marre de la Pluie

Nouveau roman de Thierry Cohen : Je le ferai pour toi

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Gabriel - 45 ans - Belgique - créé le 19/03/2009 à 18h09
Gabriel
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Pour ceux qui ont lu son précédent roman intitulé "J'aurais préféré vivre" (voir ce lien pour lire mon avis), voici son nouveau roman dont le titre est "Je le ferai pour toi" et qui est sorti le mercredi 11 mars 2009.

J'ai reçu par email de Thierry Cohen le début de son roman (les 2 ou 3 premières pages), je vous en fait donc profiter et vous invite à lire son livre qui va surement encore faire un carton !

PROLOGUE

J’ai rien senti.

Enfin si, comme un gros souffle. Plus que ça même. Une sorte d’énorme coup de poing dans le ventre et sur le visage, mais qui ferait pas mal.

Quand cet homme est monté dans le bus 83, à l’arrêt Fleurus, j’ai tout de suite trouvé qu’il avait l’air bizarre. Il avait une tête d’illuminé. La tête du mec qui vient de rencontrer le diable et se demande s’il le suit toujours. Ses yeux étaient comme ceux

des tueurs psychopathes, dans les films d’horreur, et il marmonnait quelque chose. Mais, des gens bizarres, y en a plein à Paris. Moi-même, des fois, j’ai l’impression d’être bizarre. Enfin, à ma manière.

C’est quand il a croisé mon regard que j’ai eu peur. Comme s’il était surpris et pas content de me trouver là. J’ai cru qu’il allait me parler. Me dire un truc genre : « Ça va pas de prendre le bus tout seul, gamin ? Allez, descends de là avant que je t’en mette une ! » Mais bon, je voyais pas en quoi ça le dérangeait que je sois là. Alors je me suis dit que s’il me regardait comme ça, c’est qu’il aimait pas les enfants ou... les aimait trop, si vous voyez ce que je veux dire. Maman m’a toujours mis en garde contre les fous qui font du mal aux enfants.

D’habitude, je suis pas un peureux. Bon, c’est vrai : quand je suis dans le noir et que mon frère joue les fantômes, je fais semblant de m’en foutre et il le fait tellement bien que je finis par avoir la frousse ! Mais là, ce type... J’ai commencé à regretter de pas être rentré à pied. Si j’ai pris le bus, c’est que papa et maman veulent pas que je fasse le chemin tout seul. Trop de rues à traverser. Trop dangereux.

Dangereux : marrant, non ?

Non, même pas drôle.

J’ai pensé à appliquer la règle numéro trois du « code de l’enfant seul en ville », comme dit papa. Règle numéro trois : « Si tu te sens menacé, tu t’approches d’une vieille dame et tu lui demandes assistance. » Mais, premièrement, dans ce bus bondé, la seule vieille dame qui était à côté de moi, elle s’était endormie.

Deuxièmement, elle me faisait presque aussi peur que l’homme avec ses rides et ses poils sur le menton. Troisièmement, j’étais pas vraiment menacé. J’avais juste la trouille parce que ce mec avait des yeux bizarres, qu’il parlait tout seul et me regardait. Alors, vu que de toute façon j’allais pas réveiller la vieille femme et qu’il me restait encore quelques arrêts de bus, je me suis lancé un défi : « Tu comptes jusqu’à trois et tu regardes ce type droit dans les yeux jusqu’à ce qu’il baisse les siens. Si tu y arrives, t’es un homme ! » J’aime bien me lancer ce genre de défi.

Après tout, pourquoi avoir peur d’un mec juste parce qu’il marche comme un zombi et parle seul ? Alors j’ai gonflé la poitrine et j’ai respiré très fort avant de le regarder. 1, 2, 3. Trop tard, il s’était retourné. Il faisait plus attention à moi. Il s’était placé face à la porte et j’ai cru qu’il parlait à son reflet dans la vitre.

Le bus est arrivé à l’arrêt Assemblée nationale. Et là, peur totale ! Quand les portes se sont ouvertes, l’homme a hurlé quelque chose. Je sais pas quoi. Un truc du genre « ou ! là, là, Carambar ! » Oui, je sais que c’est pas ce qu’il a réellement crié, je suis pas nul ! Tu vois le mec en train d’assassiner tous les passagers d’un bus pour une histoire de Carambar ?

Marrant, non ?

Non, même pas drôle.

Son cri m’a foutu grave la trouille ! Les autres passagers aussi. Ils l’ont tous regardé. Je crois que certains ont compris, parce qu’eux aussi ont ouvert des yeux comme dans les films d’horreur. J’ai eu le temps de voir tout ça parce qu’il a pas déclenché sa bombe tout de suite. Il a dû laisser passer une seconde ou deux. Une seconde ? Deux ? Je sais pas, c’est difficile à dire et en plus on s’en fout.

En tout cas, si j’avais pu, j’aurais bien aimé voir à quoi elle ressemblait, cette bombe. Je suis curieux de nature, maman me le dit tout le temps ! On a pas l’occasion de voir une bombe tous les jours, non ? Remarque, on a pas l’occasion de s’en prendre une dans la tronche tous les jours non plus.

Marrant, non ?

Oui, je sais...

En fait, c’est pas du tout comme dans les films. Y’a pas de gros boum, pas de fumée, pas de cris de douleur. Enfin, pas pour ceux qui meurent. Juste une incroyable lumière et un souffle très fort qui coupe la respiration... Pour toujours.

En tout cas, même s’il m’a fait peur avec ses yeux de psychopathe et son cri que j’ai pas compris, et même s’il m’a tué, j’aurais bien aimé le regarder en face, comme un homme, et lui dire :

« Eh ! mec, même pas mal ! »

Ma vie a pris fin le jour où mon fils a été déchiqueté. Sur chaque lambeau de sa chair se trouvait un moment de ma vie, porté par le souffle de la bombe, brûlé par le feu. Autant de bribes d’existence collées à l’asphalte et l’acier, perdues parmi d’autres.

Les rassembler m’est impossible. Ils ne m’appartiennent plus, ou si peu.

Pourtant, il me faut en exhumer certains, tenter de reconstituer l’histoire qui m’a échappé.

La raconter pour lui, pour ceux qui resteront et qui devront composer avec notre absence. Pour ceux que j’aime et que je ne reverrai jamais. Pour moi aussi. Pour éviter que la folie finisse de gangrener mon esprit avant que j’accueille ma fin.

Je vais donc affronter ces souvenirs épars avec le peu de lucidité encore en moi et raconter ma vie et ma mort.

Ma vie : ces années qui ont précédé ce jour maudit. Une histoire au passé qui, aujourd’hui, semble n’avoir pas existé.

Ma mort : ces instants de douleur qui continuent d’agresser mon esprit avec la même violence.

Ceux qui, un jour, me liront trouveront peut-être un sens à cette histoire. Pour ma part, j’en suis incapable.

"Je le ferai pour toi" de Thierry Cohen

Gabriel - 45 ans - Belgique - posté le 19/03/2009 à 18h14
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Présentation de l'éditeur

Quand son fils Jérôme meurt dans un attentat, Daniel perd ses repères et retrouve les instincts guerriers d'un passé qu'il croyait oublié. Entre ses conversations avec Jérôme à travers l'au-delà et les silences qui le séparent de sa femme et de Pierre, son autre fils, il élabore un plan fou : se venger. A-t-il une chance d'y parvenir ? Jérôme lui apportera-t-il son aide ? Lui-même peut-il échapper à son destin ? Quand un groupuscule extrémiste kidnappe Jean, SDF, l'opinion se passionne. Et lorsque les terroristes, comme seule revendication, demandent "Quelle est la valeur de cet homme", on s'interroge : pourquoi enlever un clochard ? Et que signifie vraiment ce message ? Deux histoires étranges, deux vies qui basculent, deux existences qui changent, se perdent, flirtent avec la mort et le mystère. Mais une seule quête : savoir si, en oubliant les survivants pour venger les morts, on ne passe pas à côté de sa vie.

Lululucas - 40 ans - France métropolitaine - posté le 19/03/2009 à 20h52
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ah! chouet!! j'attendais son prochain livre avec impatience!! merci pour l'info!

Lululucas - 40 ans - France métropolitaine - posté le 24/03/2009 à 20h57
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J'ai acheté son livre récemment, je vais le lire..je vous dirai ce que j'en pense!