Je crois que j'ai adoré aller à l'école, c'était une vraie fête. Ma grand-mère me peignait soigneusement et je me souviens de noeuds au bout de mes tresses. Il me semble encore sentir le parfum d'une grosse institutrice si gentille avec nous.
Le jeudi, j'allais au patronage. Alors là, j'ai eu un des grands chocs de ma vie. J'ai vu Monsieur l'Abbé entrer dans les toilettes. A l'époque, ils avaient encore les longues soutanes. Je n'en revenais pas, tout s'est écroulé pour moi, car je croyais dur comme fer que ces gens-là étaient comme des anges, au-dessus de tout ça !
Je me souviens aussi que les garçons s'acharnaient sur moi à cause de mes cheveux roux et de mes tâches de rousseur.
Et, plus tard, ce qui m'est surtout resté de l'école, c'est une odeur, l'odeur de l'encre car nous avions à l'époque des plumes pour écrire, qu'il fallait tremper dans l'encrier, et la vision des grandes cartes de géographie pendues au tableau. J'en faisais déjà de ces voyages en imagination !