J'ai toujours préféré la correspondance à tout autre mode de communication.
Le téléphone est si prompt au monologue. Et que faire après ? Lorsqu'on a tout dit ?
"Ok bye ! A bientôt !" Puis on raccroche ?
Le téléphone me vide de ce que je suis et lorsque je parle, je parle trop !
Parfois j'ai des crises de sms et j'en envois quelques uns, puis ça passe.
J'ai bien tenté les emails mais c'est vide, sans saveur, ce blanc et ce curseur qui clignote sont angoissants. Je n'y trouve rien d'intéressant, d'attirant, rien qui me donne envie de me livrer. Plus de parler du quotidien mais un échange ne peut être basé que sur "aujourd'hui j'ai fais du brico et le carreau de plâtre je vais le tuer ! et ta journée ?"
Arf, il me faut plus !
Comme le tchat, rapidement je n'ai plus rien à dire. Et parfois c'est trop compliqué d'expliquer ce qui va ou ne va pas alors à la question "quoi de neuf ?" un bref et tuant "rien et toi ?" ferme toutes les portes.
Non, je reste une fanatique du courrier. C'est le seul qui permet à tous de se livrer, de laisser les mots courir, la pensée prendre le dessus, enfin ! Cette libération est la même lorsque je lis enfin un correspondant qui se laisse aller.
Parfois je reçois des lettres qui parlent de tout et rien, timidement de son auteur qui me dit que je ne pose jamais de question, que je n'ai pas l'air curieuse. Je leur dis alors de se laisser aller : écrire n'importe quoi, ce qui passe par là. Ca m'en dira toujours plus qu'une étude fastidieuse ( pour l'auteur ) de sa personne où la censure et le doute ont la première place.
C'est là que tout commence, un vrai plaisir.
C'est là que les gens ne sont plus soumis à la société, à la pression, au rôle qu'ils veulent se donner ou qu'on leur donne.
Ils sont enfin eux.
J'ai mis du temps à trouver cette manière de faire. J'écrivais de banal lettre ( d'ailleurs c'est toujours le cas lorsque c'est moi qui écrit la première. C'est si insipide damned ! J'en ai honte ) tentant maladroitement de partager mon quotidien sans trop le faire.
Terence a dit quelque part que c'était peu recommandable de s'étendre. Vrai. Et faux. C'est le seul moyen que j'ai trouvé de parler de ce qui arrive, des journées, des émotions. Je ne peux écrire en vrac : voilà, je me sens heureuse, je me sens contente, je me sens ordinaire aujourd'hui et puis quoi ?? j'écris quoi après ? Ah tiens j'ai fais les courses ?
Je trouve plus intéressant d'écrire : j'ai fais les courses et le trentenaire type-bobo-parisien qui se prenait la tête avec son avocat m'a bien gavé. Il m'a gavé parce que ... blablablabla
Ca c'est bien plus révélateur de ma journée, de moi que n'importe quoi d'autre.
Peut-être est-ce un manque d'expérience et de correspondant de ma part. Mais pour l'instant ça me plaît ^_^